Depuis plusieurs années, l’hôpital public fait l’objet d’une succession de réformes budgétaires et structurelles qui, au fil du temps, ont fini par transformer de fond en comble son organisation et ses moyens, alors que sa principale mission reste la même : accueillir et soigner toutes celles et ceux qui se tournent vers ce service public. L’écart grandissant entre l’attachement des agents à leur métier et la dégradation continue des conditions de travail à l’hôpital a fait croître un malaise qui s’est traduit ces dernières années par des mobilisations inédites et par des résistances plus discrètes. La remise en cause des réformes managériales ne se limite plus aux personnels les plus politisés mais touche également un nombre croissant de médecins et une partie des élites hospitalo-universitaires.
C’est dans cette configuration d’une institution à bout de souffle qu’est survenue en mars 2020 l’épidémie de Covid-19. Les dysfonctionnements, tensions et contradictions qui traversent l’hôpital depuis plusieurs années ont alors été placés sous les projecteurs de l’actualité et ont contraint les pouvoirs publics à prendre des mesures inédites, notamment la restriction brutale des déplacements et des activités, au nom de la santé publique et de la préservation des capacités de fonctionnement de l’hôpital. Écartant l’idée de renforcer significativement les dotations budgétaires de cette institution, les gouvernants ont multiplié les déclarations et les mesures pour freiner l’afflux de patient·e·s : « le meilleur moyen de soulager l’hôpital, c’est de ne pas tomber malade »…

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