Le couple contribue-t-il encore à réduire les inégalités ?

, par Kathy Ajakane

La montée en charge du travail féminin a permis de réduire les inégalités. Mais quid du recul du couple, souvent considéré comme un rempart contre la pauvreté, et du renforcement de l’homogamie ?

Pour répondre à cette question, Pauline Grégoire-Marchand s’est livrée à une analyse originale.
Alors que les inégalités sont le plus souvent mesurées soit sous l’angle des revenus d’activité des individus soit sous l’angle des niveaux de vie après transferts sociaux et fiscaux, l’auteure s’est intéressée de son côté à un mécanisme qui intervient « entre les deux » : celui de la redistribution privée lié à la mise en commun des revenus au sein du couple. Cette mise en commun, qui jouerait à plein pour deux couples sur trois est un puissant processus réducteur d’inégalités, que les pouvoirs publics tiennent d’ailleurs comme allant de soi – en témoigne le nombre de prélèvements et de prestations sociales calculés sur les revenus totaux du ménage et non sur ceux des individus.

Quand l’État-providence prend le relais

Et l’État dans tout ça ? Mesurées sous l’angle des niveaux de vie – c’est-à-dire sur les revenus après redistribution publique – les inégalités ressortent stables depuis la crise de 2008 et en légère hausse sur 1996-2015.
Un constat qui confirme que « notre système socio-fiscal a eu tendance à compenser la baisse de la redistribution privée due aux évolutions sociales », montre l’auteure. Avec tout de même une réserve : cette compensation partielle s’est faite au prix d’une progression des dépenses de prestations sociales (évaluée à 6,2 milliards d’euros) et elle n’a pas empêché la pauvreté d’augmenter (de 2,2 points de pourcentage) en particulier chez les personnes seules, les couples à faibles revenus d’activité et les familles monoparentales, dont un tiers vit sous le seuil de pauvreté.

France Stratégie, ajoutée le 3 déc. 2018

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