L’enquête « Trajectoires et origines » (TeO2) donne à voir les parcours des immigrés « installés » en France qui y vivent en 2019-2020. Arrivés entre 1960 et 2018, ils vivent dans un logement ordinaire et jouissent -dans leur immense majorité- d’un statut administratif qui leur donne le droit de résider en France. Ce chapitre examine les trajectoires administratives et résidentielles par lesquelles les immigrés sont passés pour parvenir à s’installer. Les résultats montrent qu’ils font fréquemment l’expérience d’une grande précarité administrative ou résidentielle. Un sur cinq a été sans papiers à un moment de son séjour en France et presqu’autant a vécu sans domicile. Alors que la prévalence de l’irrégularité, ne semble pas avoir progressé au fil du temps, les conditions de logement se sont nettement détériorées depuis le début des années 2000. Dans les parcours des immigrés, la précarité résidentielle et statutaire n’est pas cantonnée au moment de l’arrivée. D’une part, elle procède dans la moitié des cas d’un déclassement, qui témoigne d’une détérioration des situations statutaire ou résidentielle. D’autre part, elle n’est pas permanente. Par exemple, près d’un quart de ceux qui ont été sans papiers ont finalement été naturalisés. La complexité des trajectoires des migrants invite à penser les conditions de leur simplification.
Sans papiers ou sans logement : les aléas des trajectoires des immigrés « installés » en France